Oublier son passé : tourner la page ou déchirer le roman ?

Rompre avec son passé et oublier pour avancer. Certainement ! Mais le passé est une chose qui a fait de nous ce que nous sommes devenu aujourd'hui. Peut-on alors continuer en tournant simplement la page ou en déchirant le roman pour tout recommencer à zéro ? Rien n'est si simple et je me suis penchée sur la question...

Oublier complètement son passé est à mon sens pratiquement impossible, sauf exception comme un traumatisme que le cerveau va refouler en bon mécanisme de protection naturel.

Notre passé, c'est comme les fondations d'une maison. Qu'il soit bon ou mauvais, il fait partie de notre vécu. Il nous donne des repères, il nous fait mal parfois, et il nous pousse en avant... ou nous tire en arrière.

Il y a tant de choses qu’on veut oublier dans nos vies : des évènements, des personnes, ou même toute une phase de notre vie.

Oublier le passé, c’est pour beaucoup de gens le premier obstacle pour avancer vers le futur. Or, il ne suffit pas d’un coup de baguette magique pour qu’une partie de notre mémoire s’efface comme par enchantement. La réalité est toute autre et il faut la gérer au quotidien !

Tourner la page ?

En tournant la page, on peut effacer le numéro de portable d'un(e) ex, se débarrasser de tous les souvenirs qui nous y rattache (photos, cadeaux, etc), choisir de ne plus fréquenter certaines personnes, certains lieux...

Bon, on peut aussi essayer de boire ou de se consoler en se vengeant sur la nourriture. Mais ça marche pas vraiment... Je repense à cette phrase humoristique de Philippe Geluck qui dit :

"Je bois pour oublier. Mais j'ai tellement bu que je ne me rappelle plus ce que je dois oublier"

Plus concrètement, savoir tourner la page dépend de notre force de caractère, de l'intensité des événements vécus et de la capacité à gérer nos émotions. On finit par voir le passé autrement au fur et à mesure, on le transforme, même si parfois bien des choses restent douloureuses.

En effet, ces mauvaises émotions peuvent ressurgir à tout moment par n'importe quel phénomène : une odeur, une chanson,... ou par simple nostalgie.

Tout ceci n'empêche pas d'aller de l'avant, bien au contraire, et fait partie d'un processus de deuil. Faire son deuil, c'est aussi conserver le passé en mémoire tout en se détachant de ce qui n'est plus pour avancer librement.

A partir du moment où l'on apprend à vivre avec son passé, on peut facilement avancer et ne plus y penser, sans pour autant l'oublier.

Ou déchirer le roman ?

Parfois il arrive que rien ne puisse atténuer la douleur. Une rupture sentimentale, un accident grave, de la maltraitance physique ou un décès peuvent tellement faire mal qu'il est impossible d'aller de l'avant.

Aussi il peut-être judicieux et courageux de changer littéralement de vie pour tout recommencer à zéro. Rompre avec son passé pour fuir une existence trop pénible.

Ne plus avoir de contacts avec sa famille, ses anciens amis ou déménager, peuvent aider à poser de nouvelles bases pour reconstruire des choses totalement différentes à côté de l'ancien édifice.

C'est un cas un peu extrême, certes et dès lors, on est en droit de se poser les questions suivantes :

- Etre dans le déni serait-il une bonne chose ?
- Faire table rase du passé en ce sens implique-t-il de perdre les fondations de son être ?
- Tout recommencer à zéro, n'est-ce pas une façon de faire l'autruche ?
- Est-ce refuser d'accepter la réalité pour éviter de se faire du mal ?

D'un côté, tôt ou tard, ce déni risque fortement de nous retomber dessus. Des souvenirs peuvent revenir en pleine face dix ou trente ans après. S'en suit alors un vrai choc à surmonter.

Et de l'autre, je suis aussi convaincue que tout ce qui est enfouit en nous ne revient pas forcément à la surface. La puissance de l'esprit est telle que certains peuvent vivre dans un déni totalement inconscient toute leur vie.

Cette attitude est certainement plus une question de survie pour notre équilibre psychique que de choix sur un coup de tête. Alors c’est quoi la solution ? Que peut-on faire ?

On peut essayer ceci :

3 étapes pour tenter de rompre avec son passé

1/ Comprendre son passé

Le seul charme du passé, c’est qu’il soit le passé. Le passé, c’est surtout une idée, une image qui n’existe que dans nos mémoires. A priori, c’est quelque chose d’abstrait, donc de plus vraiment réel.

Nous pouvons alors nous poser la question suivante :

"Comment une chose irréelle peut-elle tenir les ficelles de notre réalité actuelle en nous la déformant et en nous faisant souffrir ?!"

Ce phénomène s’opère principalement par nos émotions. Elles essayent de communiquer notre mémoire avec notre inconscient qui traduit tout en angoisses et regrets au moment présent. Donc ce qu’on est en train de revivre, ce n’est pas l’événement passé mais l’émotion qu’on a éprouvé auparavant !

2/ Gérer sa mémoire

Après avoir compris le mécanisme du passé et ce qu’il a comme effet sur nous, ce qui reste à faire est de savoir le gérer.

Ici, une technique très pratique dénommée "The active memory" s’impose. Sa mise en pratique est très simple : il suffit de vivre le plus possible son présent et de multiplier ses expériences pour permettre à la mémoire de stocker le plus d’images, d’idées et d’émotions du présent.

Cette technique permet d'un côté de donner de la distance à notre passé en l’éliminant d’une façon saine et efficace. Et d’un autre côté, elle nous permet de faire le point sur notre situation présente pour la comparer à une image déjà classifiée du passé.

La transition s'opère alors en créant une nouvelle image du présent, différente de l’ancienne, à l'aide de nouvelles expériences et en y intégrant de nouvelles émotions.

3/ Viser son futur

Arrivé à ce stade, on est conscient que le passé ça se gère ! Si les faits ne changent pas dans les annales de l’histoire, en revanche ceux de notre mémoire peuvent changer.

Et puisque la vision du futur s’applique elle aussi aux émotions (on a peur de notre passé et nous le fuyons toujours), nous avons aussi une angoisse du futur qui nous suit toujours, avec son incertitude et ses défis. Ce futur nous renvoie comme le rétroviseur de notre image passée. C’est exactement comme si on avance, mais que nos yeux sont collés au rétro !

Donc le même mécanisme émotionnel existe à ce niveau-là aussi. C’est une bonne nouvelle, car désormais nous pouvons encore changer notre émotion présente, booster notre énergie et respirer un air plein d’ambition et d’espoir.

On peut viser le futur avec une sensation identique à celle que nous allons sentir lors de notre prochaine réussite. Le fait de la perpétuer tout au long de notre parcours va déjà nous donner l’image de gloire avant même de l’atteindre.

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Et vous ? Comment gérez vous votre passé ? Faites-nous part de vos expériences de vie dans les commentaires ci-dessous !