Se gâcher la vie, c'est tout un art !

Seriez-vous en train de cultiver l'art de vous autosaboter ?

"Les autres sont plus heureux que moi". "Je n'ai vraiment pas de chance". Ces petites phrases qui parlent de défaite, de résignation ou d'attente vaine, la psychologue belge Marie Andersen les a souvent entendues en consultation et en a fait un livre au titre provocateur "L'art de se gâcher la vie".

S'il y a évidemment des coups durs particulièrement terribles dans certaines existences, nous sommes parfois aussi les artisans de notre propre malheur. "Parmi mes patients, explique-t-elle, certains s'interrogent, évoluent et arrivent à se libérer de leurs entraves, mais d'autres tournent en rond, s'accrochent à leurs idées ou à leurs comportements et pédalent tout en freinant, c'est plus fort qu'eux".

C'est de là qu'est né ce livre, de l'envie de les bousculer pour les libérer.

Se gâcher la vie : pensées négatives

Nous sommes tous parfois en train de nous empoisonner l'existence tantôt pour des bêtises, tantôt en nous obstinant en vain à vouloir changer quelque chose qui ne changera jamais.

L'automobiliste qui s'énerve tous les matins en oubliant que cela ne diminuera pas les files. L'éternel(le) célibataire à la recherche d'un(e) partenaire idéal(e) qui multiplie les histoires d'amour ratées. L'adulte amer qui s'accroche à l'idée que c'était mieux hier.

"Les mécanismes qui nous empêchent d'être heureux sont très nombreux, explique Marie Andersen : s'entêter sans résultat, se tracasser inutilement, croire à l'impossible, rester ancré dans ses principes ou ses convictions, répéter sans cesse les mêmes comportements...".

Leur point commun : ces pensées ou ces comportements nous maintiennent dans un état d'esprit négatif, nous empêchent d'avancer, de nous épanouir, de voir le monde en positif. Alors que si nous prenons un peu de recul, notre époque n'a jamais été si favorable à l'épanouissement de chacun.

Se gâcher la vie : programmés pour le pessimisme ?

Pourquoi sommes nous si habiles à nous compliquer l'existence ? Plusieurs facteurs sont en cause :

- Les idées et les croyances qui nous ont été inculquées dans notre enfance (pour réussir, il faut être universitaire, disait papa...).
- L'influence de la société de consommation (le bonheur, c'est de pouvoir tout acheter).
- Mais aussi, et c'est une hypothèse récente, des programmations venues de la nuit des temps.

"Pour survivre, nos ancêtres devaient être vigilants et sur leurs gardes, ils étaient méfiants, inquiets, stressés et ne vivaient pas dans un climat favorisant l'optimisme", souligne la psychologue. Des millénaires de sélection naturelle auraient-ils privilégié des comportements n'incitant pas au bonheur ? Nous voilà déculpabilisés !

D'autant plus que les neurosciences montrent que le fonctionnement de notre cerveau nous placerait en état d'insatisfaction permanente. Il nous pousserait ainsi à toujours vouloir obtenir un objet qui nous donnerait enfin satisfaction. Nous ne serions pas programmés pour le bonheur.

Se gâcher la vie : remise en question

Mais alors, est-ce perdu d'avance ? "Loin de là", explique Marie Andersen. "Le bonheur est un état d'esprit qui s'acquiert. Mais c'est un vrai travail de tous les jours". Selon elle, il faut accepter d'aller vraiment à la rencontre de soi. Pour alléger notre vision de la vie et nous sentir mieux, il faut bousculer nos repères, remettre en question certains de nos fonctionnements... bref, pratiquer l'introspection.

Cela ne se fait pas en un clin d'oeil. Le premier pas ? C'est une décision : il faut réellement vouloir faire cesser ce qui nous empoisonne l'existence. En devenir conscient et décider d'évoluer même si nous avons l'impression que la cause de nos problèmes nous est extérieure.

Se gâcher la vie : les clés pour y remédier

Accepter l'imperfection de la vie et des autres et oser le changement. Marie Andersen conseille : chaque fois que vous avez l'impression de vous gâcher la vie, posez-vous ces questions :

- Dans quel domaine êtes-vous en train de vous obstiner en vain ?
- Etes-vous accroché à une idée en dépit du bon sens ?
- Etes-vous en train de répéter quelque chose qui ne marche pas ?
- S'agit-il d'un possible que vous pourriez changer ?

Ce questionnement vous aidera à entreprendre de changer ce qui peut l'être. Et à ouvrir le chemin d'une vie plus légère et plus souriante en dépit des inévitables aléas de la vie.

Se gâcher la vie : tout ce qu'il ne faut pas faire !

Entretenir des idées fausses

- croire que les autres sont plus heureux que vous
- qu'ils doivent deviner vos envies et vos besoins
- que tout irait mieux si vous perdiez quelques kilos
- que vous n'y arriverez jamais
- que les choses sont contre vous

Persister dans des comportements nuisibles ou improductifs

- continuer à s'emporter à tout va
- vouloir que l'autre change
- attendre que les circonstances s'améliorent par magie
- rester ancré dans ses convictions
- refuser d'imaginer des solutions innovantes
- ne pas oser s'interroger sur soi, son parcours et les influences que vous subissez.

Se gâcher la vie : sur la voie du changement

Pour traquer les pièges et les mécanismes dont nous sommes les victimes (souvent inconscientes) qui nous empoisonnent l'existence, changer de regard sur le monde et les événements : "L'art de se gâcher la vie", Marie Andersen, Ixelles Editions.

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