La solitude : le secret pour ne plus en avoir peur

Chaque année lors de la Saint-Valentin, nous sommes les témoins des multiples jérémiades des ronchons célibataires de notre entourage.

Vous devez me trouver dure dans mes propos. Mais ne connaissez-vous pas une collègue en mal d'amour ? Un frère qui n'arrive plus à se caser depuis des années ? Des amis frustrés qui expriment leurs déboires sur les réseaux sociaux ? Leurs plaintes ne finissent-t-elles pas par vous agacer un tout petit peu ? Non ? Oui ? Aaah, il me semblait bien :-)

Rassurez-vous, je ne vais aucunement critiquer qui que ce soit. Aujourd'hui, il sera question de comprendre pourquoi pour certains, la solitude est synonyme de sérénité et de maturité et pour d’autres, de tristesse et d'abandon. Une chose est sûre, beaucoup de gens en ont une peur bleue.

Alors pourquoi cette inégalité face à la capacité d’être seul ? Existe t-il un secret pour ne plus craindre la solitude ? C'est ce que vous allez découvrir au fil de cet article.

Solitude : une question de phénomène de société

Depuis quelques décennies règne une ambiance sociétale qui tend à pointer du doigt les individus solitaires. En effet, si nous sommes célibataire, nous sommes considéré comme un perdant ou carrément un raté de la vie. Bonjour les préjugés !

Pire encore, la réussite se mesure de nos jours au nombre d'amis sur les réseaux sociaux ou au nombre de soirées auxquelles on est invité. Certains font littéralement la course aux "activités" pour se sentir importants et reconnus.

Vous ne me croyez pas ?

Faites le test ! Demandez à vos amis et connaissances ce qu'ils font dans les jours qui suivent. Vous serez surpris de constater qu'ils vont prendre leur agenda et avoir l'air surbookés comme des hauts patrons d'entreprise. Ils vont vous faire immédiatement la liste de toutes leurs activités prévues et des personnes qu'ils vont voir ou inviter.

Pourquoi cette course à la reconnaissance ?

La raison est simple : nous sommes conditionnés à vivre avec et par le regard des autres. En d'autres termes : "Si personne ne communique avec moi, je n'existe pas. Le regard de l'autre me rassure sur le fait que j'existe, que je fais quelque chose de ma vie, que je suis utile, que j'ai une valeur".

Ainsi la règle pour se sentir important est de voir le maximum de monde, inviter les autres et être invité chez eux, prendre régulièrement de leurs news et leur en donner. Ne pas souscrire à cette règle, c'est risquer de s'attirer les foudres des autres, d'être rayé de leur liste d'amis et d'être regardé comme une personne associable.

Et vous savez quoi ? Je fais partie des ces gens dits "associables"... et je m'en fiche complètement !

Depuis quelques années, je n'éprouve plus le besoin d'aller à droite et à gauche. Mon compagnon, ma famille, mes animaux, mes activités et quelques sorties de temps en temps me suffisent amplement.

Ce fut loin d'être le cas lorsque j'étais ado et jusqu'à l'âge de 30 ans, j'avais une peur bleue d'être seule. Hors de question de passer les soirées de week-end chez moi seule dans mon coin. J'ai longtemps cherché à ce que l'on me donne de la valeur en multipliant les sorties, resto, ciné, invitations chez les soit-disant amis. Parfois, je m'imposais carrément !

Tout cela pour quoi au final ? Echapper à une angoisse existentielle et me distraire d'une réflexion plus profonde sur ce que j'étais et pourquoi j'étais là...

Ok, nous avons tous besoin d’interactions sociales pour évoluer et nous sécuriser. Cependant, si être seul est source d’ennui ou d’insatisfaction, il va falloir sérieusement songer à réfléchir sur le pourquoi de cette "compulsion" à être entouré. Qui de plus est, souvent de manière superficielle...

Vous doutez de ce que je dis ? Observez autour de vous (rue, bus, gare, file de supermarché..) ceux qui passent des heures au téléphone en train de raconter des futilités ou en train de pianoter pour envoyer des SMS... Même durant les heures de travail où le téléphone portable est en principe interdit, ils ne peuvent s'empêcher d'avoir le téléphone dans leur poche...

Le problème, c'est que la véritable quête de l’autre passe par des moments d’intimité, d’échange de ressenti et de confiance. Autant d’éléments qui trouvent difficilement leur place dans des relations "interchangeables". Le sentiment d'unicité peut s’obtenir seul à seul, pour commencer.

Passons à un autre cas de figure :

"Mieux vaut être seul que mal accompagné"

Beaucoup de gens sont en couple et s'accrochent à quelqu'un qui ne leur correspondent pas du tout. Ils préfèrent continuer une relation vide de sens et sans amour plutôt que de vivre seuls.

Gérer la solitude quand ils ont pris l’habitude de vivre avec quelqu’un et de fonctionner en couple, pour eux c'est mission impossible. Ils vont devoir retrouver leurs repères et changer leurs habitudes, celles qu'ils faisaient avec l’autre. Bref penser à eux et ça leur est totalement inconcevable.

Mais pourquoi rester alors avec quelqu'un par simple "convention sociale" ?

Parce que nous devenons dépendant et n'avons plus la liberté d'être. Il s'agit d'une forme de fuite devant la peur de se trouver face à soi et d’affronter les défis de la vie. Si on n’est pas en paix avec soi-même et si on ne s’aime pas, on aura du mal à aimer et se faire aimer de l’autre.

De plus, c'est un tort de croire que le couple est la solution à cette solitude. Penser que le couple servira à combler nos manques, nos problèmes, nos mélancolies ou représentera un cocon protecteur et réconfortant (voire un refuge) est complètement utopique car le couple ne donne pas l’assurance de satisfaire nos besoins. L’autre n’est certainement pas là pour remplir notre vide intérieur !

La solitude, un "mal" nécessaire ?

Il ne faut pas attendre de rencontrer l’autre pour commencer à vivre sa vie. Apprenez d’abord à vous connaître vous-même.

Et justement, la solitude, c'est ce qui permet de se retrouver, de se détacher du regard d'autrui, de faire le point sur qui l'on est, ce que l'on veut vraiment et le plus important de s'aimer soi-même. Les moments de solitude sont l’occasion de se réaliser et de découvrir en soi des ressources méconnues.

C'est pour cela que ceux qui ont peur de la solitude ne supportent pas le silence de peur d'être confrontés avec eux-mêmes. Quand la télévision est allumée, le bruit de fond est reposant et les empêche d'avoir à réfléchir.

Par contre, ceux qui apprécient la solitude sont capables de rentrer en eux-mêmes sans abolir le lien à l’autre. Leur priorité est simplement de vivre au plus près d'eux-mêmes.

Bien évidemment, une vie épanouie passe par le contact avec les autres, par la communication et la sociabilité. Il n'est pas question ici de se retirer sur une île déserte et de vivre comme un ermite.

Mais prendre conscience que la solitude et le silence sont nécessaires, reposants et constructifs, c'est faire un pas de plus vers un épanouissement vraiment profond.

Faire taire les bruits extérieurs, c'est donner une chance à sa petite voix intérieure de s'exprimer.

Les joies de la solitude

Si la solitude peut paraître à première vue quelque chose de sombre, d'effrayant ou de déprimant, elle peut aussi être une source de richesse et de sérénité, l'occasion de mieux vous connaître. Apprenez à être en paix avec vous-même et vous pourrez être heureux des moments où vous êtes seul.

Faites des activités qui dépendent très peu des autres comme :

- la lecture d'un bon livre,
- l'écriture,
- écouter de la musique,
- danser seul dans votre salon,
- dessiner,
- apprendre une nouvelle compétence,
- faire des randonnées,
- découvrir le monde...

... bref n'importe quoi sans avoir le besoin compulsif de systématiquement tout partager au téléphone ou sur internet avec les autres. Vous savez qu'ils sont là en cas de besoin, cela doit s'arrêter là.

S'émanciper à travers la vie

Maintenant, je vais vous poser les questions suivantes :

Osez-vous partir seul en vacances ?
Allez-vous parfois seul au restaurant ou au cinéma ?
Passez-vous une après-midi seul au parc ?
Etes-vous déjà parti seul en randonnée ?

Personnellement, j'ai déjà accompli la majorité de ces choses. Au début, si l'on n'est pas habitué, cela peut paraître sinistre, voire effrayant. Une sorte d'angoisse ou d'ennui peut nous envahir. Mais en peu de temps, l'angoisse s'apaise et l'on se rend compte que l'on n'a besoin de rien d'autre que soi pour passer un bon moment.

Parce que comment allez-vous vous débrouiller dans la vie si vous comptez toujours sur les autres dès que vous vous sentez dépourvu ? D'ailleurs, ne dit-on pas que l'on est jamais mieux servi que par soi-même ? Il n'y a rien de plus vrai !

S'émanciper à travers la vie est un processus d'apprentissage. Rien n'empêche de demander l'avis et l'aide des autres lorsqu'on est confronté à un obstacle, mais on ne devient pas plus fort si les réponses ne viennent pas directement de l'intérieur.

Donc... le secret pour ne plus craindre la solitude ?

Célibataire ou non, il est très important, de temps en temps, de s'octroyer un moment rien qu'à soi, sans amis, sans famille, sans télévision. Par exemple, une soirée où l'on retrouve la joie du silence, du calme, de la sérénité.

Le secret pour être capable d'affronter la solitude porte un nom qui se résume en un mot : c'est L'AUTONOMISATION !

"Etre autonome, c'est se donner soi-même ses lois" - Cornelius Castoriadis (philosophe)

L’autonomie, c'est la façon de prendre à coeur et même obligatoirement nos responsabilités, mais aussi de se prendre en main en devenant responsable de soi. Être autonome, c'est savoir chercher seul l'information qui nous manque pour résoudre nos problèmes.

En d'autres termes : savoir se libérer de la dépendance du conjoint, des autres ou de celle des parents.

5 conseils pour être plus autonome

Bien que la vie nous oblige parfois à devenir autonome du jour au lendemain après une situation de crise (décès, séparation...), voici quelques conseils pour ne plus avoir peur de la solitude :

1/ Prenez l’habitude de vous "observer"

L'autonomie est d'abord une question d'identité et d'image de soi. Analysez ce qui se passe, évaluez vos émotions et écrivez toutes les pensées négatives qui vous assaillent. Cherchez à comprendre. Fuir le problème ne sert à rien. Mieux vaut rechercher dans son passé les situations de solitude qui ont provoqué tristesse et angoisse. Il s’agit de repérer l’empreinte émotionnelle, le schéma cognitif ancien qui se répète dans le présent.

2/ Apprenez à gérer votre vie seul

Etablissez un plan de tous les organismes auxquels vous êtes rattachés. Exemple : loyer, banque, assurances... Constituez-vous un classeur de A à Z contenant ces dits organismes. Ensuite, renseignez-vous et inscrivez sur un planning tout ce qu'il y a faire (ou ne pas faire) chaque mois. Classez les éléments importants à retenir ainsi que toutes vos factures dans le classeur une fois payées. De même, simplifier-vous la tâche en automatisant certaines factures dont le montant est fixe chaque mois. Nous avons la chance d'avoir ces moyens mis à notre disposition. Pourquoi s'en priver ? Bref, organisez-vous !

3/ Vous ne savez pas comment vous protéger

Apprenez à éviter les mauvaises situations et à être conscient de votre environnement. Sortez et apprenez à vous défendre, au moins assez pour appeler à l'aide. Vous vous sentirez plus à l'aise dans les endroits où vous êtes seul.

4/ Vous n'avez pas le sens d'orientation dans une ville inconnue

Entraînez-vous dans la région où vous habitez. Perdez-vous volontairement et essayez de trouver votre chemin du retour en demandant de l'aide aux passants. Être autonome, c'est aussi être capable de demander et de poser des questions. Sinon, utilisez Google Maps sur votre smartphone et trouvez des repères visuels. Apprenez à être serein avec le fait de vous perdre.

5/ Et pour ceux qui sont déjà en couple ?

Rien ne doit vous empêcher de prendre soin de vous. Vos envies doivent continuer à être prises en considération. Ainsi, si vous n'avez pas envie de manger le même plat que votre moitié, faites-vous plaisir en cuisinant votre plat préféré. Si vous avez envie de prendre un bain à minuit, faites-le. Ne demandez pas sa permission. Continuez des activités qui vous tiennent à coeur. Etre autonome, c'est aussi pouvoir rester libre dans vos actions.

Un dernier conseil pour la fin

Habituez-vous progressivement à l'autonomie. Obligez-vous à rester seul dans votre appartement pour y pratiquer une activité qui vous plaît : écouter votre morceau de musique préféré, chanter, peindre... La solitude sera ainsi associée à une émotion positive.

Au début, quelques minutes de solitude suffisent. Il faut s’y habituer peu à peu, sinon la peur risque de se renforcer. Réussir à faire face plusieurs heures sans être submergé par l’angoisse redonne confiance et optimisme. Vous n’aurez plus ensuite qu’à tester d’autres situations "délicates", comme aller au cinéma ou partir en vacances seul.

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Et vous ? Avez-vous déjà acquis une certaine autonomie ou bien la solitude vous fait-elle toujours aussi peur ? Donnez votre avis dans les commentaires ci-dessous